Homélie du 25ème dimanche du temps ordinaire
Abbé Jean Compazieu | 13 septembre 2014
Les ouvriers de la 11ème heure
Textes bibliques : Lire
Les textes bibliques de ce dimanche nous adressent un appel pressant à nous convertir : “Cherchez le Seigneur tant qu’il se laisse trouver” nous dit le prophète Isaïe. Et il ajoute : “Mes pensées ne sont pas vos pensées et mes chemins ne sont pas vos chemins”. Il y a un grand écart entre nos chemins et ceux de Dieu. C’est le péché qui a creusé cet écart entre l’homme et le Dieu très saint. Mais cet abîme n’est pas insurmontable car c’est Dieu qui fait le premier pas vers nous. Par sa pitié et son pardon, il se fait proche et se laisse trouver. Son message est un message de miséricorde. Il est urgent que chacun de nous saisisse cette occasion salutaire. Cela ne sera possible que si nous faisons tout pour nous ajuster aux chemins et aux pensées de Dieu.
L’apôtre saint Paul a bénéficié de cette générosité de Dieu. Sa rencontre avec Jésus sur le chemin de Damas a été pour lui le point de départ d’un véritable retournement. C’est de cela qu’il a témoigné tout au long de son ministère. II sait qu’il va être condamné à mort. Il affirme que, pour lui, ce serait un bien car il serait pour toujours avec son Seigneur. Mais si, en restant dans ce monde, il peut se rendre utile aux communautés chrétiennes, il est prêt à continuer à travailler pour elles. Il renonce à sa manière de penser pour s’ajuster à celle de Dieu.
C’est dans ce sens que nous devons accueillir l’Evangile de ce dimanche. Cette parabole des ouvriers de la onzième heure, nous la connaissons bien. Et il y aura toujours quelqu’un pour dire : “je ne suis pas d’accord.” En fait, cette parabole nous révèle un Dieu qui est bon. Il veut être le Sauveur de tous. Il appelle tous les hommes à travailler à la construction de son Royaume. Il les appelle à toutes les heures de la journée et à tous les âges de leur vie. A travers cette parabole, Jésus nous révèle un Dieu qui ne demande qu’à les combler tous de son amour. Il ne se contente pas de donner à chacun la part qui lui revient. Il veut nous donner tout. Son grand projet c’est de sauver tous les hommes. Le salaire qu’il leur propose c’est la Vie Eternelle.
Cet Evangile est une réponse à des gens qui n’ont rien compris au vrai Dieu. Quand Jésus fait bon accueil aux pécheurs et aux publicains, les pharisiens et les chefs religieux sont scandalisés. Ces derniers se considèrent comme bien plus méritants. Ils espèrent recevoir plus que les ouvriers de la dernière heure. Jésus voudrait les inviter à sortir de leur niveau mesquin et à ouvrir leur cœur à cet océan d’amour qui est en Dieu. Le Seigneur fait miséricorde. Il est “riche en pardon” et plein de générosité. C’est vraiment une bonne nouvelle pour tous les pécheurs que nous sommes.
Le grand message que nous pouvons retenir de cet Evangile, c’est que Dieu est amour. Nous avons l’habitude de le dire et de le chanter. Mais nous oublions souvent d’en tirer les conséquences pour notre vie. Trop souvent, nous nous représentons un Dieu à notre image. Nous oublions alors que ses pensées ne sont pas nos pensées. Dieu nous aime tous gratuitement et sans mérite de notre part. C’est vrai pour les ouvriers de la onzième heure comme pour ceux de la première. Comment ne pas penser à celui que nous appelons “le bon larron” ? Ce bandit a été l’ouvrier de la dernière minute. Il a hérité lui aussi du Royaume de Dieu. Sa grande passion c’est de donner son amour à tous, y compris ceux de la dernière heure et de la dernière minute.
Avec l’arrivée de Jésus, c’est toute l’Eglise qui est embauchée. Sa mission n’est pas de se sauver elle-même mais de sauver le monde. Cette embauche dure depuis vingt siècles. Et nous ne sommes pas au soir de la journée de Dieu. L’ère chrétienne ne fait que commencer. Dans tous les continents, ils sont nombreux ceux et celles qui attendent cet appel de Dieu. Le Seigneur compte sur nous pour témoigner de la bonne nouvelle de l’Evangile. C’est l’appel qu’il adresse à ses apôtres avant de rejoindre son Père le jour de l’Ascension : “Allez-donc, de toutes les nations faites des disciples : Baptisez-les au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit.”
A la suite des apôtres, nous sommes tous appelés à témoigner de la bonne nouvelle de l’Evangile dans le monde d’aujourd’hui. Beaucoup ont la chance d’être les ouvriers de la première heure. Heureux sont-ils car leur vie est remplie de la présence et de l’amour de Dieu. Mais il y a les autres, ceux qui ont été embauchés bien plus tard, avec autant de confiance et d’amour. Le Seigneur compte sur nous pour que nous leur donnions toute leur place. Pensons aux catéchumènes qui se préparent au baptême, aux “recommençant” qui retrouvent la foi, aux pratiquants occasionnels et à tous les chercheurs de Dieu. Eux aussi sont appelés au même titre que les autres en vue de la mission.
Seigneur, nous te rendons grâce pour le travail de tant d’hommes et de femmes qui étaient des chômeurs dans le domaine du service. Grâce à ton Esprit Saint, ils sont devenus des artisans de paix et des bâtisseurs d’amour. Nous t’en prions, sois notre guide dans cette aventure de la foi. Amen
Sources : Revue Feu Nouveau – Lectures bibliques des dimanches (Albert Vanhoye) – Guide Emmaüs des dimanches et fêtes – dossiers personnels.
Commentaires de Marie-Noëlle Thabut, année liturgique A, 25e dimanche du temps ordinaire
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Je suis restée très longtemps sans accepter cette parabole mais il y a peu, je l’ai comprise. D’autant que les pensées de Dieu ne sont pas les miennes. Jésus me montre dans cette parabole qu’il aime tous les hommes EGALEMENT.
Un témoignage de Conversion
Le témoignage de Stephen, me fait penser au changement de vie de Henry Quinson, moine des cités des Quartiers-Nord de Marseille, ce “golden boy” qui quitte sa vie dorée de banquier pour répondre à l’appel du Christ.
C’est toujours le Seigneur qui fait le premier pas, à nous de saisir l’occasion, de répondre à son appel.
Le maître de la Vigne a besoin d’ouvriers, il convient d’un salaire avec les premiers; puis, il va en chercher d’autres… et puis, les derniers que personne n’avait embauchés, oisifs, tristes sûrement de manquer de travail…une parole, un geste, les voilà qu’ils se relèvent; ils ne demandent même pas le prix de leur travail, une aubaine, au moment où ils n’y croyaient plus…Oui, au moment où on n’y croit plus, comme le larron, “in extremis” Pour Dieu, il n’est jamais trop tard d’appeler et ce qu’il nous donne va au-delà de ce que nous pourrions espérer; il a donné aux derners autant qu’aux premiers qui avaient peiné toute une journée, mais il ne leur a pas fait de tort, miséricordieux,il a eu pitié de ceux qui n’avaient pas trouvé de travail et qui eux aussi avaient besoin de pain pour leur famille.
Et à ceux qui rechignaient : n’ai-je pas le droit de faire ce que je veux de mon argent, de mon amour ? Tout homme est important aux yeux de Dieu.
Il sort le matin, à la troisème, à la sixième heure…à la onzième heure…toujours prêt à accueillir; et oui, il est comme ça notre Dieu. Il donne à chacun la possibilité de répondre à son appel.
JE SUIS CONTENT DE VOS COMMENTAIRES THEOLOGIQUES